Notre tour du monde...

Writing on a dream

La côte du Ceará

Après une légère étape à Belo Horizonte, on s'envole pour le nord du pays. Le nordeste. Pour ce qui est de Belo Horizonte, c'est une grande métropole, sans beaucoup de charme. Surtout sous une pluie fine et un ciel atone qui n'est pas sans nous rappeler notre lointaine Belgique/Belgïe (le souci du bilinguisme).

Avec GOL pour Fortaleza... au-dessus de Minas Gerais, de Bahia, de Pernambuco, avant l'état du Ceará. Tous des lieux, où il faudra revenir...

Il est 1h26 lorsque nous atterrissons. La nuit est encore longue. Sur des bancs inconfortables, on se force à quelques heures de sommeil. Vers 5h du mat', on enfourche à nouveau nos sacs et on chope un taxi en direction du terminal de bus. 17 reais. Une fois sur place, on se concentre sur la recherche du "bon" bus. La compagnie qu'on devait prendre...n'existe plus. Ce sera avec FiletCar. 18 reais jusque Paraipaba. Le bus ne démarre que dans 1 heure. Juste le temps de petit déjeuner... Un misto (croque-monsieur) et quelques pão de queijo.

2 heures de bus plus loin. On est à Paraipaba. Quelques rues. Du sable. Des badauds en short et en claquettes. On est bien dans le nord du Brésil. Le soleil est de plus en plus haut dans le ciel. C'est au coin de cette rue qu'on est censés alpaguer un taxi. C'est la pratique, pour rejoindre Lagoinha, notre destination finale. On négocie. C'est 12 reais. C'est tranquilooouuu…c'est dou BraziouVamos...


En une journée, passer de Belo Horizonte à, successivement, Fortaleza, Paraipaba et Lagoinha. C'est quitter progressivement la civilisation pour le "paradis de la tong". Lagoinha est un petit village. Quelques hôtels, quelques rues, les mêmes badauds qu'à Paraipaba, mais encore plus bronzés. On teste deux hôtels moyens, avant de rejoindre la plage...bredouilles. C'est là qu'on va loger. A la Pousada Kite Point. Un repère pour adeptes de voile et autres sports du nautiques. 60 reais la nuit, pour une petite chambre sombre, sommaire, mais confortable, c'est plus que correct.


La plage. Les plages du coin sont plates et immenses. Des bancs de sable à perte de vue. De belles vagues. Peu de plagistes. Autant de pêcheurs. Après à peine quelques minutes de marche, on se retrouve seuls, au milieu de la nature. Sauvage. Enivrante!
En revenant à Lagoinha, on retrouve les quelques paillotes qui bordent la mer. C'est dans l'une d'entre elles que Dudê, un pêcheur, nous emmène. On n'a pas vraiment résisté à son incroyable plateau de poisson et de fruits de mer. Sa surpresa do mar. Des langoustines géantes, des crevettes, des frites, de la farofa, du riz... et deux caïpirinhas chacun. On est déchirés... prêts à dormir. Il est 17h30.


A Lagoinha, y a pas grand chose à faire. Y a pas grand monde non plus. C'est le pied. Allongés sur le sable, on se remémore (déjà) quelques souvenirs du voyage. Principalement nos "souffrances", en Chine ou en Inde, devenues des moments inoubliables. La mer vient nous effleurer les pieds. Nous rappeler qu'il fait chaud, qu'il fait calme, qu'on est pas loin de ce que, dans notre quotidien européen, nous qualifions de: paradis. La chaleur aplatit encore plus le paysage. On se met à l'ombre. Une caïpi, une surpresa do mar, un rhum, un pudim (pudding) de leite... Le temps s'est arrêté.

Parce qu'on est fous, au troisième jours, on part. Le voyageur, du corps et de l'âme, a toujours ces fourmis dans le ventre qui le poussent à aller voir plus loin. On est trop bien ici. Donc, là-bas, ce sera surement mieux. Ici, il y a Dudê, sa jambe plus courte que l'autre, son sourire naïf et sa surpresa do mar. Là-bas, les yeux rieurs d'un enfant ou la chaleur d'une famille nous attend surement. Une autre plage. Puis, si on reste, comment commencer à s'en souvenir?

Trêve de philosophie de comptoir à caïpi, un quad, et c'est parti. 1h accrochés au cousin du frère du gérant de la pousada de Lagoinha. Il fonce le bougre. Pas étonnant, l'autoroute de la plage est déserte… Le paysage évolue peu, mais comment s'en plaindre: la mer, le sable, des cocotiers à perte de vue. Pas une âme qui vive. Si, il y a ces deux gamins dont le business est de faire traverser un petit bras de mer. Un radeau de fortune en bois, quelques reais et ils tirent vigoureusement l'embarcation jusqu'à l'autre rive. 20 mètres à tout casser, mais leur aide est indispensable pour aller au-delà.

Nous arrivons à bon port. Le minuscule village de Guajiru. La même sensation de bout du monde, la même sérénité, le calme, quelques maisons en dur, des huttes, la plage, une rue couverte de pavés ensablés, une mini-église et un mur…un mur de dunes qui "condamne" le village à l'isolement. Une seule petite route cahoteuse s'hasarde jusqu'ici. Le cousin du frère de l'autre nous débarque à la Pousada Bons Amigos. De bons amis à lui. On ne discute pas, pourquoi le ferait-on? C'est probablement la seule pousada à plusieurs kilomètres à la ronde, puis on n'a pas d'autres plan. On n'a pas de plan du tout.


La Pousada Bons Amigos, c'est tout une histoire. Antonio, un vieux pêcheur aux mains calleuses et aux rides marquées, Maria, son épouse en cuisine, leur fille Janilly et le petit dernier. Un petit bout que Janilly a eu avec un gars, parti vivre en ville, sans laisser d'adresse. On sent parfois la mélancolie dans ses attitudes, mais le plus souvent, c'est la nonchalance et l'insouciance qui caractérise la jeune femme. Le contraire de son père. Des années à dompter l'océan et à construire le havre de paix, sommaire mais mignon, qui nous accueille. Un lieu chaleureux où le rythme cardiaque des habitants est proche de zéro. Autant dire qu'on prend aisément nos marques dans cette atmosphère paisible.

Si bien qu'on s'accroche 5 nuits à Guajiru. Des journées ardues faites de grasses-mat' dans notre chambre à 70 reais (au lieu de 95), de siestes dans le hamac sur notre terrasse, de détours par la plage déserte, de promenades dans les dunes. Le premier soir, on goute aussi la spécialité d'Antonio: la galinha caipira (un poulet caipira - le nom donnée aux habitants des zones rurales de l'intérieur) avec du pirão… violemment bon! Pour clore nos difficiles journées, quelques bolinhas, des croquettes de fromage ou de crevettes...!

Parce qu'il faut parfois bosser, on met à jour le blog. Puis, on se promène dur. On tire même jusque Fleixeiras par la plage. Un village toujours plus vers le nord,  avec la même harmonie. Pour se récompenser, on s'offre d'autres bons gueulerons: peixe grelhado (du poisson grillé), des bolinhas, des jus de maracuja (fruit de la passion), peixada au pirão (une lointaine sorte de bouillabaisse), de la goiabada (gelée de goyave). On teste même un dessert local à base de rapadura (sucre de canne complet). Entre deux repas, on découvre un hôtel de luxe blottit dans les dunes et tenu par un polonais. Autant dire qu'il a trouvé la planque parfaite, même si au niveau touristes, c'est loin d'être la ruée. A peine quelques brésiliens venus de Fortaleza et des étrangers égarés comme nous.

Au troisième jour, les choses se bousculent. Arrive un deuxième client à l'hôtel, un américain de passage. Autre évènement important, un groupe de fourmis, soutenu par quelques grenouilles, décide de prendre possession de notre chambre. Nous décidons de battre en retraite face à l'attaque nocturne. Confronté à l'inefficacité et à l'invisibilité de sa fille (notamment à réparer la connexion Internet), Antonio engage un jeune homme venu tout droit de Fleixeiras. Le gamin est fougueux et se lance, dès le lendemain, dans une démonstration de ses compétences, rappelant Tom Cruise dans Cocktail, avec nous pour uniques spectateurs. Le résultat est bon: une caïpi à base de Ypioca, la cachaça originaire de Fortaleza... mais elle beaucoup trop chargée. On se laisse assommer, recroquevillés dans nos hamacs.


La fin de l'aventure à Guajiru est tout aussi plaisante. On se résout à se rendre dans la "grande" ville du coin: Trairi. Grande…on s'comprend. Un bus à l'aller, un retrait de cash à la banque et un taxi privé pour rentrer. La chaleur était insupportable en ville, qui plus est à l'intérieur des terres. Pour se reposer, et on en a besoin, on longe une énième fois la barraca do Jailson, un loueur de quad polyvalent, pour atteindre la plage. Elle est si belle... avec ses lagons, sa démesure, sa grandeur! On refait le monde cent fois. On s'interroge sur la condition humaine, l'esclavagisme et la place de la frite dans l'histoire du monde… Angie est en pleine lecture de "Les veines ouvertes de l'Amérique latine", d'Eduardo Galeano.

On pense à Antonio aussi. Au fait qu'il n'ait jamais vu le Parc National dos Lençóis Maranhenses, le must-see de la région. Ce graal dont nous rêvons et que nous atteindrons bientôt. Nous, venus de si loin, aurons la chance de voir ce désert de dunes au bord d'océan. Lui, pêcheur de son état, l'a vaguement aperçu en photo… "Sim, muito bonito" (Oui, très beau), avait-il dit avec un large sourire. Sans regret, ni frustration. Sans tristesse, ni envie. Il les laisse pour nous ces sentiments. Nous, les "gens de villes modernes", qui voulons tout voir, tout avoir, tout posséder, tout photographier. Lui, il est pêcheur. Être heureux, ça lui suffit.


Il est temps de partir. Guajiru est une étape inoubliable pour ce qu'elle nous apporte de sérénité et de calme. Sans le vivre, il est difficile d'imaginer que des villages entiers vivent à ce rythme, avec un nombre aussi restreint d'activités, dans un tel paradis. Un paradis simple, sans artifices, en harmonie avec la nature. Vivre le quotidien d'Antonio et de sa famille, vivre leur simplicité… 
La route continue et les photos de Guajiru sont par ICI.

Nels

Ouro Preto

Rio est derrière. Notre route devant. On part le cœur léger. L'esprit serein. Ce n'est qu'un au revoir. C'est certain. Heureux et apaisés par ce paradis qu'est Rio, nous sommes parés pour entamer un de ces transferts qu'on apprécie.

Dans l'ordre. Un taxi vers la rodoviária de Rio. On patiente. Quelques croquettes (joelho et pão de batata), un açaï et internet nous occupent. Vers 23h30, c'est l'heure. Celle du bus vers Ouro Preto. 7h de route. De nuit. Il est 6h30. Terminus. On descend. En un coucher de soleil, on a complètement changé de décor.


Place à plus de fraîcheur. D'humidité. Un ciel chargé. Un paysage vallonné et boisé. Et puis, ces églises. Joyaux de l'art baroque. Elles dominent la ville du haut de leurs socles. Parsemées à des "étages" différents, en fonction de leurs collines respectives, elles semblent se défier. C'est ça l'image d'Ouro Preto. Ville restée coincée au 19° siècle. Avec ses pavées, ses pentes raides, ses ruelles bordées de maisons blanches aux balcons travaillés.


Avant le 18° siècle, Ouro Preto n'était qu'un petit village, nommé Vila Rica, de l'état de Minas Gerais (mines généreuses). C'était avant la découverte d'une étrange pierre noire dans l'état. De l'or. Dont la coloration noire était due à l'oxydation du sol. C'est le départ d'une incroyable ruée vers l'or, abreuvant le monde entier de centaines de tonnes du métal précieux. Atteignant 80% de la production mondiale entre 1700 et 1820. Ouro Preto connaît alors une ascension fulgurante, accueillant de nombreux notables, avant de...tomber dans l'oubli quelques dizaines d'années plus tard. Héritage de cette période dorée, une collection d'art et d'architecture baroque unique. Fruit, notamment, du talent d'Aleijadinho, le "petit estropié", architecte-sculpteur atteint de la lèpre.


La cité coloniale compte, aujourd'hui, près de 70.000 habitants et figure au patrimoine mondiale de l'humanité de l'UNESCO. Et c'est pour toutes ces raisons que nous sommes là. Voir de nos propres yeux ce trésor perdu au milieu des montagnes, témoigner de ce patrimoine oublié et profiter d'un rythme de vie plus calme.


A notre arrivée, 6h30, la ville s'éveille très lentement. Il fait calme. Tout semble évoluer au ralenti. La douce sensation d'être perdu au milieu des montagnes nous envahit. Loin de l'agitation du monde moderne. On se dirige vers le centre, au hasard des rencontres. Chargés comme des mulets (même si on s'est délestés d'une bonne partie de nos affaires à Rio), la marche est rude et le pas lent. Après quelques vaines tentatives, on se pose dans l'une des auberges de jeunesse de la ville. Pratiquement vide, on a le choix de la chambre, du matelas, de la position des lits et de la terrasse.


C'est dans cette ambiance détendue que nous prenons le temps de nous reposer. De profiter de la vue.  De s'enfiler quelques açaï, des salgados, des caïpirinhas et même une feijoada très correcte. Et bien entendu, on se fait une brochette d'églises baroques. Chacune avec sa spécificité, elles nous rappellent le passé colonial de Ouro Preto. Immanquable.

On se perd dans ce dédale de ruelles pentues. Les locaux s'y activent à une allure nonchalante. Avec un sourire permanent. Même si l'effusion est moindre qu'à Rio. Des gens plus contenus et moins extravagants. Conséquence d'un environnement différent, d'une vie plus rude. Aujourd'hui, les mines ne sont plus qu'un lointain souvenir et le tourisme, comme à Parati d'ailleurs, est devenu le nerf de la guerre.


Un court chapitre de notre aventure brésilienne. Mais un véritable dépaysement. Loin du stress des grandes villes, nous avons pu goûter à la vie lente et détendue d'un grand village de Minais Gerais. Une nouvelle facette de ce pays multiple. Qui mérite qu'on s'y attarde plus longuement. Vers Sabara ou encore Diamantina.

Quelques photos de ce paisible trésor, par ICI.

Nels

Rio de Janeiro

Oh oh oh oh....
Quand tu souris
Je m'envole au paradis
Je vais à Rio de Janeiro
Je prends ta main
Et nos cœurs font plus de bruit
Que toutes les cymbales
Du carnaval
Je vais à Riooooooo... Tututututu tututururu... 

Eh là, on se calme. Ça va être long. C'est R.I.O. Alors on accroche sa ceinture, on détache son slip et on enfile un tanga pour se mettre à l'aise. 


Commençons par quelques notes d'ordre technique. 

Seconde plus grande ville du pays. Derrière São Paulo. Plus de 11 millions d'habitants, les cariocas. Nom, issu du tupi (langue des Tupis, peuple amérindien autochtone des côtes du Brésil) et signifiant "maison des hommes blanc", donné aux personnes nées dans la ville. Pour ceux nés dans l'état de Rio, c'est fluminenses

Puisqu'on surfe sur la vague étymologique, précisons que Rio de Janeiro (baptisée anciennement baie de Guanabara) se serait appelée, à l'origine, riA de janeiro.  Nom donné par le découvreur (de notre perspective occidentale) du Brésil, le portugais Pedro Alvares Cabral et qui signifie la baie ou bras de mer de janvier.  Suite à une confusion linguistique, le nom se serait fixé sur rio de janeiro, rivière de janvier. Or, il s'agit bien d'une baie et non d'une rivière

En deux mots, l'histoire "récente" de ce lieu repose sur un schéma classique. Des Amérindiens, vivant de la chasse et de l'agriculture dans une région très riche. De redoutables guerriers, nus et anthropophages. Des européens qui débarquent (vers 1502), les portugais. Du troc au départ, de l'esclavagisme ensuite, une pincée de conversion religieuse forcée, le métissage, les maladies importées et la disparition progressive ou la fuite vers des régions intérieures. Sans oublier le pillage des richesses. Le bois, le "brasa" ou "pau brasil", de sa couleur de braise. La culture de la canne à sucre, l'or... 

Vinrent plusieurs siècles de domination  portugaise, marquée par les attaques françaises et hollandaises ainsi que par l'essor de la ville au 18° siècle. Grâce à la découverte d'or et de diamants du côté de Minais Gerais. Les  portugais délaissèrent alors Salvador da Bahia pour Rio

De capitale coloniale, la ville de  Rio passa au statut unique de seule capitale européenne hors-continent. En 1808. En effet, suite aux invasions napoléoniennes, la famille royale  portugaise et la plupart des nobles du pays fuirent Lisbonne pour s'installer au Brésil et déclarer Rio de Janeiro comme capitale du Royaume du Portugal. Cela dura jusqu'en 1821, date de la scission du Royaume et de la déclaration d'indépendance du  Brésil. Indépendance de façade puisque le pays resta aux mains du prince régent Pedro I
Sous le règne de son fils, Pedro II, la ville de  Rio et le pays connurent une phase de forte industrialisation et de lutte contre l'esclavagisme. 

A partir de la fin du 19°, le pays devint une république, aux mains d'une oligarchie de grands propriétaires.  Rio continua à être leur capitale. Et ce jusqu'en 1960 et le projet fou de la création de Brasília.

Et c'est seulement en 2012 que la ville accueille Angie Nels. Pour 5 nuits endiablées.


Aujourd'hui, Rio c'est RIOOO. Le carnaval, le foot, ses plages et ses 968 favelas. On va l'expérimenter avec nos propres tongs

Mais commençons par des considérations plus négatives. La sécurité à  Rio. Tout le monde nous a averti. On l'a lu partout. C'est une ville très dangereuse. Principalement, là où l'on ne s'y attend pas. Afin d'eviter tout désagrément à seulement quelques semaines de notre retour, et après un TDM sans accros, nous avons mis au point une méthode préventive.

Baroudeurs, à vos carnets.

Le "mains volantes". Cette technique ancestrale consiste à faire ce que bon vous semble, visiter ce que vous voulez, mais avec une attitude qui écarte tout risque d'agression! Pour appliquer le "mains volantes", vous avez besoin d'un vieux t-shirt uni (blanc de préférence), d'un short que vous portez depuis quelques semaines sans le laver et des tongs usées par un an de voyage! Pour les sous-vêtements, vous avez carte blanche...ou grise. Nous, on préfère le petit caleçon de 3 jours, afin d'augmenter le pouvoir répulsif de la méthode d'auto-défense. Aucun accessoire n'est autorisé. Encore moins, tout ce qui est sac, besace ou autres sacoches. Pas de bijoux, ni appareils photos. Rien. Nada. Vous voilà totalement "mains volantes", libres de vous promener...sans danger!

Mais il y a un revers à la médaille. Surtout dans une aussi belle ville que Rio. Impossible de faire des photos, et donc de matérialiser les souvenirs! Pour parer à ce défaut, nous avons créé la méthode de la "main bâtonnée"!
Etape 1. Vous conservez la base du "mains volantes" à laquelle vous ajoutez un appareil photo compact pourri. 99€ maximum. Vous le glissez, ainsi que quelques reais (la monnaie locale), dans votre slip. Au Chaud. Simple jusqu'ici.
Etape 2. L'élément primordial: le bâton de marche. Vous, ou votre partenaire, vous munissez d'un ou deux bâtons de marche. Et vous vous baladez tranquillou avec vos sticks. Efficacité garantie. Car tout bon voleur qui se respecte, aussi brésilien soit-il, sait qu'on ne vole pas un touriste armé d'un bâton. Qui plus est un  portugais!

A Rio, on s'embourgeoise légèrement. On arrive au terminal. On dit rapidement Auf Wiedersehen! à nos copains allemands complètement flippés de passer quelques jours ici. On saute dans un taxi. Chargés comme on est, on se voit mal traverser les favelas en bus.
Direction le quartier Gloria à côté de Santa Teresa, et plus précisément, la maison de Carmen et Fernando. C'est dans cette superbe maison que nous avons décidé de crécher. Un magnifique pied-à-terre, soigneusement décoré. C'est merveilleux. Une demeure qui fait rêver. Une terrasse avec piscine sur les hauteurs, avec vue sur la ville et la mer. Accueillis par Viviana, la femme de confiance du couple (absent pour le coup), nous sommes aux anges. C'est nettement plus cher que d'habitude. Mais, comme nous avons des choses à célébrer, c'est cadeau...


Première soirée à Santa Teresa. Quartier aux ruelles sinueuses et pentues, et aux maisons bourgeoises du 18°. Son symbole, le bonde, ou plutôt le bondinho, un tramway électrique, qui relie le haut de Santa au bas de la ville. Malheureusement, il est actuellement à l'arrêt. Partout des stickers et des pancartes font part du mécontentement des locaux. Pour pallier à l'absence de ce monument, un ancien du coin à remis en service sa vieille camionnette et chope toutes les bonnes âmes du quartier pour quelques reais. C'est folklo! Tout le monde se connaît, ça parle, ça crie, de balcon en balcon, ça s'arrête, ça repart, c'est l'ambiance... Il fait chaud!

Premier soir. Premier boum dans l'assiette. Feijoada. Aïe, aïe, aïe... On est au Bar do Mineiro et c'est une tuerie. Haricots rouges, presque noirs. Choux verts, orange, riz, morceaux de viande de porc et de la farofa (farine de manioc frite dans du beurre). Il est tard. On a la panse pleine. On rentre dormir. A pied, dans un quartier sombre... Aucun souci.

Une première nuit à rêver de ce paradis. Rio, c'est beau. C'est même beaucoup plus que ça. On ne le dira jamais assez. La ville, ses plages, ses gens, son ambiance, sa lumière, son soleil, ses aberrations géologiques, sa mer... Rio!


Ipanema. La soeur de Copacabana. Plus chic. Tout aussi fréquentée. Mais plus de sportifs que jamais. Aussi belle. Au loin, les collines des deux frères (dois irmãos). Poser un pied dans ce lieu, c'est des émotions indescriptibles. Chaque pas dans Rio représente une marque indélébile dans nos corps. Nos sens sont en éveil.

On poursuit dans le classe. Leblon, quartier bourgeois. Magasins tendance et familles huppées. Pas loin de là, la Lagoa. Cet incroyable lac à deux rues de la mer. Puis, la place du Général Osorio, la rue Visconde de Pirajá et ses magasins.
On termine Chez Zaza. Resto tendance d'Ipanema. On se fait plaisir. Et c'est pas difficile, tant c'est délicieux.
Il est tard. On a la bedaine pleine. On rentre dormir. En bus puis à pied... On croise un transsex., les fesses en silicone à l'air. Aucun souci.

Copacabana. Inutile de la présenter. On y arrive en métro, depuis Gloria. Une caïpirinha dans une main, une noix de coco dans l'autre, on se promène le long de ce tapis de sable. La plage, à elle seule, n'est pas plus spéciale qu'une autre. Mais voilà, elle n'est pas seule. Le Pão de Açucar à quelques encablures, la ville juste dans son dos, et puis... Et puis, la vie. L'énergie. Les gens. Une alchimie particulière qui rend cet endroit spécial. Très spécial.


Populaire, on trouve de tout à la plage. Des familles, des gamins des favelas, des baraqués, des groupes de filles qui jouent au foot, des mamies, des vendeurs de bikinis... Tous munis d'une petite chaise de plage. Ils parlent, ils crient, se lèvent, discutent, jouent, courent, nagent, écoutent de la musique. C'est la fête. Sans artifice, sans raison, sans prétexte. Juste de la vie.


Partout, des strings. Les petites, les grosses, les belles, les noirs, les blanches, les brunes, les blondes, les vieilles, les jeunes! Toutes.
Pour s'en remettre, on fait un peu de shopping dans les centres commerciaux modernes du coin. D'abord, le Rio Sul, à côté de la praia vermelha (plage rouge), au pied du Pão de Açucar. Comme le ciel est nuageux, on abandonne l'idée de grimper ce dernier et on se dirige vers Botafogo, et son shopping familial. Mais le plus beau, ici, c'est la plage. A praia de Botafogo, au coucher du soleil, c'est divin.


On est épuisés par tant de beauté. Taxi. Aucun souci. On rentre se reposer dans notre cocon douillet, avec nos deux copines, Pitouchka et sa mère, Olivia, les chats de la casa.


Après un petit dej' copieux, on s'attaque aux incontournables. Via la rua da Lapa, on prend un bus pour Cosme Velho. Premier géant: o Cristo Redentor. Une fois n'est pas coutume, nous nous laissons tenter par un rabateur professionnel. Embarqués dans une navette remplie de touristes, nous faisons un premier stop au mirador Dona Marta. Puis, seconde navette vers le sommet du mont Corcovado, au coeur de la forêt de Tijuca. Au pied du Christ. 600.000 visiteurs par an. 38m de haut à plus de 700m. Imposant et unique. Bon, c'est plein à craqué. Mais c'est totalement incontournable. Pour la statue et pour la vue imprenable sur la ville.


Après une halte à Copacabana, au poste 2 (la plage est découpée en postes), où on enchaîne un poulet grillé+haricots+frites+riz+farofa pour 11 reais (4€), on se dirige vers le second monstre sacré. Le Pão de Açucar, dans la baie de Guanabara.
Petit conseil, munissez-vous d'une carte de crédit pour gagner du temps dans les files. Après la file, donc, le bondinho du Pain de Sucre. Ce téléphérique, inauguré en 1912, nous emmène jusqu'au morro da Urca (220m). Un autre téléphérique pour aller jusqu'à la cime du Pão de Açucar, à près de 400m. Au sommet, c'est extraordinaire.


Indescriptible. C'est "juste" la plus B.E.L.L.E. ville du monde. Sur laquelle se couche un soleil de braise. La nature éteint son éclairage et laisse la place à des millions de minuscules foyers de lumière. Ensemble, ils continuent à donner vie à l'insatiable Rio. Jamais fatiguée.


Pour s'en remettre, le lendemain est consacré à la plage et au sport. On est dimanche. On chope une fois de plus le métro à Gloria. C'est la folie. La foliiie dou Braziouuu... Des centaines de jeunes, de moins jeunes, de blancs, de blacks, de métis, de jaunes, de filles ou de garçons, ont pris d'assaut le métro. Direction: Copacabana. C'est là que nous allons aussi. Du poste 2 au 5. Une plage bondée. Ambiance chaude, bon-enfant, populaire, jeune, familiale. Un régal d'observer cette fourmilière vibrer.


Après le réconfort, le sport. Comme le Maracana, le stade le plus mythique du monde, est fermé pour travaux (la coupe du monde 2014 approche), c'est vers l'Engenhão que nous allons. Et pour y aller, il y a deux écoles.

L'école classique préconise un métro suivi d'un train. Mais, comme Angie est une experte, elle trouve que l'école dissidente, à savoir un seul métro, semble beaucoup plus simple, voire même plus rapide. Nels, confiant, ne cherche même pas à comprendre. Confiance totale!
Ça semble être effectivement un bon plan. ...jusqu'à ce que des quartiers de plus en plus inhospitaliers commencent à défiler à travers les vitres du métro. Nos regards se croisent, nos muscles se crispent, nos sens se mettent en alerte. Après 1h de voyage, la station où nous devons descendre est là. A des bornes du centre de Rio. Dans un quartier pauvre. Où on risque de ne pas passer inaperçus... On descend timidement. On reste sur le quai. Et on hésite. Pas de risques inutiles. C'est pas qu'on a peur (Angie dit que si), mais on va faire demi-tour. Nels a repéré un centre commercial quelques arrêts plus tôt. Bon plan. On y va. On profite pour "engranger" quelques salgados et on prend un taxi vers le stade. Bref, préférez l'école classique.


Une fois au stade, l'ambiance est sympa. Plein de couleurs pour ce grand classique du fuchibol brésilien. Un derby de Rio. Le mythique Fla-Flu (Flamengo contre Fluminense). On a choisit d'être du côté de Fluminense. Et c'est pas un hasard, c'est là que joue Deco.

Dans les tribunes, c'est la folie. La fête. Banderoles, drapeaux, du talc à balancer, ballons, chants, cris, insultes, conseils, bière et rires... Le stade a beau être vide derrière les goals, à cause d'un concert de Justin Biberon, le rendez-vous est à la hauteur de nos espérances. Qui plus est, c'est un match à rebondissement. Score final: 3-2 pour Flamengo.


A la sortie du stade, on sent un peu de tension. Les supporters se mélangent et s'agglutinent autour de l'entrée de la station ferroviaire (oui...on a opté pour l'école classique). Une bagarre éclate. On se faufile discretos. C'est tendu, mais la police est en masse. Et la police brésilienne, c'est pas les Gendarmes à Saint-Trop'.
Une fois de plus, on rentre tard à la casa. Sans souci et sans craintes particulières. Aucun souci.

Notre dernière journée. La chaleur est montée d'un cran. Il fait chaaaud, de plus en plus chaaaud... On déjeune avec Viviana et des amis à elle. Et, on s'en va découvrir le quartier de Santa Teresa. Principalement, à la recherche de l'escalier de Selaron. Lieu emblématique. 215 marches constituées de milliers de mosaïques. Oeuvre de l'artiste chilien, Jorge Selaron, en hommage au peuple brésilien. C'est étonnant...


Etape suivante, le jardin botanique. Moins beau que celui de Sidney (et pour cause, il était splendide), il est tout de même intéressant. Pour son caractère sauvage et apaisant, ses pernambouc (pau brasil ou bois-brésil), ses iguanes, ses toucans, ses palmiers et ses bambous, mais aussi pour son bar servant, sur une délicieuse terrasse, d'incroyables croquettes de viande.


Pour clore ce chapître carioca, on fait un nouveau tour par le centre commercial  Rio Sul. Un dernier açaï, qu'on ne peut que conseiller à nouveau, tellement c'est B.O.N.
On reprend nos sacs chez  Carmen et Fernando. On est certains d'y revenir car on laisse une partie de nos affaires. Histoire de partir dans le nord avec un sac plus léger.

Un taxi vers la rodoviaria. On passe devant le sambodrome. Cette avenue bordée de gradins où défilent les meilleurs écoles de samba pendant le carnaval. Mais on n'est pas dans un sambamood. Le coeur lourd de quitter cet endroit merveilleux.

Rio de Janeiro est la plus belle ville du monde. C'est totalement subjectif et inexplicable. Et vrai.


Comme disait le Grand Jojo: "Ze show must go on...une fois...olé olé olééé".

Les photos, de qualité médiocre, donc plus travaillée en post-prod, sont par ICI.

Nels

Ilha Grande

Avant de quitter Parati et de grimper dans le bus qui doit nous mener à Angra dos Reis, nous faisons une nouvelle découverte culinaire à tomber par terre. L'açaï. Pfffiouuu... Une bombe. De son vrai nom, euterpe oleracea, l’açaï est un palmier. Son fruit, l'açaï (aussi), de couleur pourpre, possède un pouvoir antioxydant élevé. Cultivé un peu partout au Brésil, il est un aliment fondamental pour les habitants d'Amazonie. Son succès a évidemment un effet néfaste pour ces derniers.
On ne peut que vous le conseiller tel que le mange les brésiliens (et les brésiliennes pour maintenir la ligne, surtout après une bonne feijoada), à savoir en sorbet, dans un bol, avec des céréales et des morceaux de fruits. Principalement de la banane. Rafraîchissant, goûtu, une texture agréable et des propriétés blindantes...


Rejoindre Ilha Grande depuis Parati est un jeu d'enfants. Un petit bus local, aux sièges durs comme de la pierre, pendant un peu moins de 3 heures. Et un ferry, aux relents de gasoil, pour 1h45. Ce petit trajet s'effectue en longeant une côte superbe. Escarpée, accidentée, verte et ensoleillée. Durant le parcours, nous faisons la rencontre de Saskja & Raimund, un jeune couple d'allemands. On ne se lâchera plus du séjour à  Ilha Grande .

Ilha Grande est la plus grande île de l'Etat de Rio, entourée d'une série de petites îles, constituée de nombreuses plages, d'un grand village nommé Abraão et de deux pics avoisinant les 1000m. Sans oublier l'un des plus importants pénitenciers du Brésil, créé au début du XX° et fermé depuis une vingtaine d'années.

Dès notre arrivée, nous ressentons ce petit goût de paradis perdu, si agréable. Cette île est un joyau. Pas de véhicules, pas de buildings, pas de hordes de touristes. Juste ce qu'il faut de nature, de mer turquoise, de montagnes et de brésiliens accueillants. Le tout dans des proportions divines. Heureusement, les autorités locales, comme les habitants, en sont conscients, et protègent ce bijou des griffes de l'arg€nt.


Sans logement réservé (une habitude de plus en plus agréable, au fur et à mesure de notre périple), et pendant que les allemands rejoignent leur pied-à-terre, nous errons dans les ruelles sablonneuses de Abraão. Les offres de logement ne manquent pas. Toutes plus sympa les unes que les autres, et surtout, en harmonie avec les lieux. Nous sommes abordés par un homme à vélo. Pillel de son nom. Prononcez Piiiléééoueuh.
Comme nous sommes au Brésil, tout se passe naturellement, comme l'eau cristalline ruisselle sur la pierre lisse. On visite son auberge. On est sous le charme. Le prix est correct. La nature est présente. Le petit déj' promet d'être royal. La terrasse confortable. Pour 75 reais, on signe pour les 3 nuits.

On s'acclimate très aisément à l'île (...tu m'étonnes). Quelques fruits, un match de foot à la télé, une sieste... Elle est difficile la vie à  Ilha Grande.


Vers 19h, nous avons rendez-vous avec nos potes allemands.

Ce soir, ce sera...kebabs pour tout le monde. On y est pour rien. L'allemand aime apparemment le kebab, comme le portugais la sardine et le chinois le chien. Le kebab est cette spécialité germano-turque, venue tout droit de KarlsruheSaskja & Raimund semblent peu friands de riz, de farine de manioc et de haricots. Bon ben...ça va être sympa votre immersion culinaire au Brésil. Nous? On se flexibilise à leurs envies... "Tsé, on est de vieux baroudeurs maintenant".
Le bar est plutôt branché. Kebabs à gogo. Wok en plat et en show. Cocktayyyls en tout genre. Une ambiance qui sent bon le monde moderne et ses bars lounge. Tiens, ça ne nous avait pas manqué.

Nos amis allemands sont tous deux environnementalistes. Ils débutent à peine leur périple de 4 semaines au Brésil. Raimund, lui, poursuivra son séjour par un projet de quelques mois dans une université de São Paulo.
On ne vous cache pas qu'on a la sensation d'être des vieux de la veille lorsqu'on est avec eux. On a des heures d'anecdotes de voyage. On a plus peur de grand chose. Peu de choses nous choquent et tout nous amuse. C'est plaisant, d'un côté, mais d'un autre, ça sent la fin du voyage...
Quant à eux, on les sent un peu verts. Ils ont lu tellement de choses effrayantes sur le Brésil qu'ils sont paralysés. On tente de les rassurer un maximum.

- Non, le brésilien ne mord pas. Même pas l'indigène en position défensive. T'inquiètes.
- Des kebabs à Rio? Evidemment. Il y a plein d'allemands là-bas, tu sais. 
- Les animaux en Amazonie? Dangereux? Oooh...si peu. Et puis, ils sont gentils. Ils dansent la samba.
- Est-ce que la sauce est piquante? Dans le doute, abstiens-toi.
- Comment? En Allemagne, le service est nettement plus efficace. Ouais, j'imagine.
- Vous ne mettez pas une télé partout? Surtout pas dans un resto? Ouais...ben ici, ils ne mettent pas de sandales avec des chaussettes blanches, hein!
- La criminalité à Rio? Comme le soleil à Bielefield...'y en a pas. 

Après cette soirée, somme toute agréable, nous nous écroulons dans notre confortable lit.

A Ilha Grande, il y a LA plus belle plage du monde: la praia de Lopes Mendes. Nous, on ne croit personne. On veut la voir de nos propres yeux. C'est parti pour 2h30 de traversée de la jungle. A 4.


Un mini-trek de toute beauté. Entre jungle humide, rochers glissants et plages à couper le souffle. Pas un chat. Mais plein d'oiseaux et d'insectes spéciaux. C'est réellement superbe.
En arrivant à Lopes Mendes, légère déception. Si...c'est beau. C'est même très beau. Mais surement pas la plus belle du monde. Celles qu'on vient de traverser, sur le parcours, sont mêmes plus belles. Faut avouer que le léger brouillard n'aide pas. Mais, malgré tout, elle est un peu trop longue et "plate" pour des fans de petites criques comme nous.
Qu'à cela ne tienne, on se baigne, on bronze, on chill...


Pour le retour, les filles lâchent l'affaire. Elles prennent un bateau de pêcheurs. Pour Raimund Nels, c'est le défi sportif. Rentrer en moins d'une heure. Une course. Un trail. A travers la jungle. 37 fractures de la cheville évitées pour Nels, et 4 greffes du poumon pour Raimund, plus tard...mission accomplie. Avant même l'arrivée du bateau.

Le soir, après un peu de shopping pour les filles, on se fait un resto local. C'est Angie & Nels qui choisissent. Ouais ben...on choisira plus. Promis. C'est pas ça. Pour nous, c'était très bon. La moqueca, plus que respectable, nous satisfait pleinement. Mais nos copains allemands sont légèrement plus exigeants. Après la nappe qui est moche, les couverts dépareillés, la télé qui est allumée, le service qui est trop lent et pas assez souriant, le cadre qui est pas assez "in", les tables qui sont en bois, le plat qui est trop piquant, le riz qui est trop blanc, les crevettes pas assez cuites et la nuit pas assez ensoleillée... Wooohooo, on termine le repas vivants.
Pour se récompenser de notre haute bienveillance, on s'arrête chez un petit vendeur ambulant de pâtisseries. Et là, c'est le rêve: un pudim de leite (une sorte de pudding de lait concentré, déjà rencontré au Pérou, et très apprécié dans la famille de Nels) et un gâteau à la noix de coco et à la farine de manioc. Un régal. Mieux. Un régal.
Pour parachever cette journée allemande, on s'enfile quelques caipirinhas. Zzz...zzz...zzz...


Au troisième jour, on vous parle du petit dej'. Une tuerie. Un buffet hyper varié et complet. On s'en cache pas: on BLINDE. Depuis qu'on est sur le sol brésilien, on se régale.
Vous parler de la Pousada de Pillel, sans évoquer son event & marketing manager for turistic affairs serait un crime. Comment vous l'expliquer. Une description, peut-être. Un athlète d'1m90. Bronzé. Plutôt sec. Des cheveux mi-longs, noirs, bouclés, volumineux et extrêmement soyeux. Un sourire colgate grandiose. Un visage, entre Sacha Baron Cohen, Antonio Banderas et Rui Costa (cliquez sur les noms). Une démarche chaloupée. Un air guilleret. Un ton hype & marketing.
Chaque matin, il débarque au petit dej', le pouce levé. Pouce qu'il lève à chaque phrase lente et robotisée qu'il prononce. Expliquant chacune de ses informations comme s'il exécutait un exercice d'articulation. Utilisant des tournures de phrases fantastiques, incluant systématiquement le mot "porem" ("nonobstant"):

- "Cette plage est très belle, nonobstant l'immaculée beauté de l'île dans sa globalité". 
- "Si j'étais vous, je prendrais cette option,  nonobstant, et compte tenu de la pluviométrie locale, j'eusse plébiscité le choix le plus opportun pour vous".
Hein?
On l'écoutait avec malin plaisir et un léger sourire moqueur, bien pâle face à sa très large et clinquante dentition. Un personnage.


Aujourd'hui, il pleut. On annule nos amis allemands. On se pose à l'hôtel, et malgré l'absence de wifi, on kiff grave.
En milieu d'après-midi, Angie & Nels se dirige vers la plage du village. Petite. Cosy. Peuplée de bateaux. Un transat. Un verre. Quelques croquettes à la brésilienne. On se détend. On a l'impression de vivre. De choisir. De ne dépendre de rien. Ni de personne. D'être libres. De rester là. De ne rien faire. De ne pas penser au moment d'après. Zéro contraintes.


Le soir venu. Le dernier sur l'île. C'est bundesligastyle. Donc, c'est kebab party. Vous vous en doutez, Saskja & Raimund sont des nôtres. On les taquine sur leur large palette culinaire et on passe un enième bon moment sur cette île paradisiaque.

Le repos accumulé sur Ilha Grande nous fait du bien. On se sent prêts à attaquer Rio de Janeiro. Puis, on est apaisés. C'est vrai qu'il ne reste qu'un mois. Jour pour jour. Un mois. Mais on est heureux. Pas anxieux. Conscients de ce qui est passé et de ce qui est encore à venir.

La vie est belle. Até a proxima Ilha Grande...
Rio, on arrive!

Les photos de cette perle sont ICI.

Nels

Entrando no Brasil...

Les chutes. Les imposantes chutes sont derrière nous. Nous pénétrons lentement au Brésil. Doucement, car Foz do Iguaçu n'est certainement pas la ville la plus représentative du géant sud-américain. Son terminal de bus l'est encore moins.

On s'arrache. De nuit. Un bus pour São Paulo. La géante.

Un trajet peu reposant. Les passagers sont tous des hommes. Au faciès peu rassurant. A l'air patibulaire. Notre méfiance est d'autant plus éveillée que le bus ne cesse de s'arrêter. A de nombreuses reprises. Sans raison apparente. Les allées et venues des voyageurs dans le couloir du bus ne font qu'accentuer notre appréhension.
On est en sueurs lorsque la police nous stoppe net et investit le bus. Après une longue négociation, ils finissent par laisser tomber. Pourtant, la police brésilienne, c'est du lourd. C'est pas André, l'agent de quartier qui veille à la sécurité du chat de la voisine. 
Nos soupçons, concernant les activités douteuses de ce bus, sont définitivement confirmées lorsque l'un des passagers aborde Nels. C'est le plus excité d'entre eux. Dans ce type de situation, on apprécie vraiment le fait de parler la langue locale.


Le but de l'intervention du margoulin est la suivante: nous rassurer
- "Comment? On ne doit pas participer à la collecte d'argent qui s'est organisée dans le bus? Aaah...pourtant l'argent est là, hein. Prenez tout, hein!" 
- "Quoi Angie? Ce qu'il dit? Oooh...rien de spécial, hein...ils font une petite cagnotte pour l'anniversaire de sa maman. Nous? Oooh...il dit que...comme on ne la connait pas... C'est gentil, hein?".
- "Oui oui Monsieur. Continuer seulement. Faites comme si on n'était pas là. Oui, merci. Merci. Vous êtes génial. Merci. Oui, encore merci. Supeeer! Comment? C'est pour financer la police et le "délégué du bus"? Pour que la contrebande de matos puisse se faire tranquillement. Aaah mais je ne savais pas. Faites. Faites seulement. C'est super. 
- Quoi encore Angie ? Tu peux pas te tai**? Quoi? Tu veux souhaiter un joyeux anniversaire à sa maman en portugais???! Euh...oui...vas-y! Mais fais vite!"

Circulez! 'Y a rien à voir...

L'arrêt petit dej' est déjà plus "normal". L'ambiance dans le bus est retombée. On découvre nos premiers en-cas salés typiques. Des croissants au poulet et au fromage, des kibe (croquettes de viande), des coxinhas de frango (croquettes de poulet), des pão de queijo (croquettes au fromage)... Pas de sucré au menu! On sent bien que ça va y aller niveau alimentation! Ça tombe bien, Nels rêve de porter des chemises à fleurs à la Carlos. Taille: cachalot. 

Quelques heures et 1.000km plus tard, on arrive dans l'une des villes les plus dangereuses du monde. São Paulo. On est légèrement tendus. Le terminal est pourtant très safe. On arrive juste à temps pour rater notre bus suivant, en partance pour la petite ville de Parati, dans l'état de Rio de Janeiro. Tant pis, 4 heures de répit. Internet for free, subway et micro-sieste. Dans un terminal...des plus sécurisés.


On s'installe dans le bus pour Parati. Le fait d'avoir acheté nos places très tôt, nous offre la possibilité de profiter des deux places à l'avant. Un peu plus de place pour nos longues jambes! Sur le trajet, on passe au sucré avec un délicieux gâteau manioc/coco. Oh oui!

22h"Légèrement" fatigués, on pose le pied à Parati. C'est certain, ici nous sommes bien au Brésil. Chaleur. Humidité. Une vie trépidante dans les rues. Un métissage impressionnant. Plein de petits buscapé (voir le film Cidade de Deus) entrain de courir dans la rue, derrière un ballon de foot ou derrière les filles.
On presse le pas pour, enfin, déposer nos sacs! Notre pied-à-terre se nomme Ché Lagarto. Une chaine de guesthouse pour d'jeuns. Piscine, ambiance festive et chambres sommaires. Mais cela reste le plus intéressant dans cette petite ville très prisée.

Parati.
Au milieu du 17°, la ville est devenue l'un des plus importants ports de l'empire portugais. En cause. La découverte d'or, en abondance, dans l'état de Minas Gerais, dans l'intérieur du pays, permit à la bourgade de prendre son envol. Devenant le point de départ des galions  portugais, chargés d'or, en direction de la cour du PortugalParati était l'étape finale de la route de l'or, qui sillonnait les collines pendant 25 jours de marche, jusqu'à relier Vale do Paraíba.
Route de l'or pour les portugais, route de l'horreur pour les esclaves et les indiens sacrifiés sur ces pavés, et dont le sang et la sueur hantent encore chaque tronçon du sentier. 


Toutes ces richesses ont permis à la bourgade de croître dans le luxe et l'oppulence. Colons, nobles, flibustiers et esclaves se cotoyaient dans ce qui était, avant l'arrivée des portugais, un havre de paix. Un paradis pour les indiens Guaianás-Guaranis. S'ils avaient su. Si seulement, ils avaient écouter la légende, pardi ! Celle qui raconte que le nom Parati, du portugais "para ti" et qui signifie "ceci est pour toi", sont les mots que Dieu lança au diable lorsque celui-ci lui réclama un bout de terre.

Heureusement, aujourd'hui, ce n'est plus un enfer. C'est même, plutôt, un paradis. Pour les touristes.

Le centre de la vieille ville a conservé son charme colonial. Architecturalement parlant. C'est une véritable ode à l'architecture coloniale. Superbes maisons restaurées. Blanches, aux volets et portes colorées. Des rues aux pavés énormes, d'époque, balayées par la mer lors des marées. Balcons ouvragés, canons et églises baroques. L'ensemble, coincé entre la mer et la montagne, est dévoré par la mata atlântica (la forêt atlantique, humide et tropicale, qui s'étend sur tout le littoral du pays). Un contexte naturel splendide.


Au-delà des rues pavées, on trouve la vrai ville. Tout aussi attrayante. Moins de petits magasins, de marchands ambulants et de restos à touristes. Mais une vie plus intense. Plus chaotique. Tout aussi séduisante.

Ajoutons à ce contexte merveilleux, des plages plus que correctes, des montagnes envoûtantes. Un patrimoine historique préservé. Puis, le rêve ne se circonscrit pas qu'à Parati. Toute la région regorge de lieux paradisiaques. Cascades plus célèbres les unes que les autres. Plages somptueuses à gogo. Promenades. A pied, à velo ou en bateau.
Bref, notre planning est difficile à réaliser. On a envie de tout faire. Mais, principalement, de le faire à la brésilienne. Tranquilooouuu.

Après un peu de repos parmi les d'jeuns de l’hôtel, nous partons à la découverte de la ville. Une petite promenade. Celle qui sert à  trouver ses marques. Prendre la mesure d'un lieu. Cette marche qui se pratique nonchalamment. Sans but. Sans autre intention que d'être surpris. De se laisser séduire.
Nos premiers pas sur ces pavés propices aux entorses de la cheville. Ils sont tellement d'époque, que résonnent encore les sabots des chevaux des colons portugais. On ne nous a pas menti, les maisons sont belles. Entretenues avec amour. En conservant l'esprit. L'ensemble est harmonieux et invite vraiment à la flanerie. De nombreux magasins et restos ont pris possession des lieux.


On arrive au port. On passe par l'église. On traverse le pont. On atteint la plage. Et cette étrange sensation de se trouver au cœur d'une des télénovelas qui ont bercé l'enfance de Nels. Ces feuilletons historico-romatiques, où riches colons, se déchirant pour plus de pouvoir et d'argent, côtoyaient de gentilles familles d'esclaves. Pas si mal lotis dans leurs senzalas, d'après les scénaristes. Au centre de l'intrigue, entre complots et autres quiproquos, une histoire d'amour. Souvent la très jolie fille du riche propriétaire terrien tombait amoureuse du charmant et courageux fils d'esclave.

Une telle journée ne peut se poursuivre qu'à table. On rate la feijoada de quelques minutes, mais nous n'y perdons pas au change. Foie de veau pour Nels, steak de boeuf pour Angie. Jusque là, rien d'intéressant. Ce qui est marquant. Fou. Incroyable. Unique. Ce sont les accompagnements. Ce n'est pas un mythe. De la salade. Ok, c'est normal. Riz? On prend. Haricots rouges. Ah bon? Farofa (de la semoule de manioc). En plus? Vous l'aurez compris, au Brésil, un plat ne vient jamais seul. Et ça...c'est pas pour nous déplaire. On bliiinde...


Entre deux passages par l'auberge (où l'ambiance est toujours so funny), on fait quelques courses. Au menu du diner, du yaourt à boire, une mangue et du cake! Pas riches nous, hein!

Notre seconde journée se calque sur le même scénario. Promenade en ville. Photos. Une rapide visite du fort (dont l'intérêt est limité). On bascule de l'autre côté de la colline pour atteindre la plage de Jabaquara. Déserte. Une vue splendide. Malheureusement, le temps se couvre. On retourne en ville, en faisant un crochet chez le coiffeur. Même si on est depuis peu de temps au Brésil, on a déjà pu constater combien les gens sont ouverts, souriants et bavards. C'est pas un mythe, non plus. Cette coiffeuse n'échappe pas à la règle. S'extasiant sur la couleur naturelle des cheveux d'Angie, son grain de peau. Nous expliquant toute son histoire, celle de son salon, de la voisine... Bref, un vrai personnage. Evidemment, le fait de parler la langue facilite grandement la communication.

Mais le grand évènement de la journée, c'est...le repas. Oui, encore. Un rêve. Un délice. Une folie. Un chef d'œuvre. Une moqueca baiana. Sur la plage. Les pieds dans l'eau. Comment exprimer l'exaltation des papilles que fut ce festin? Impossible.
La  moqueca est un plat de poisson et fruits de mer, à base d'oignons, tomates, ail, coriandre. Cuit lentement dans un grand récipient. Une sorte de caldeirada portugaise. La version de Bahia (du nom de la ville de...Bahia) possède en plus une influence africaine. On retrouve de l'huile de palme, du lait de coco et beaucoup plus de fruits de mer. Deliciosooo


Au troisième jour, on se bouge les fesses. Un petit dej' au soleil, et hop, on saute dans un bus en direction de la petite bourgade de Trindade. Un peu plus au sud. Notre objectif est assez basique: explorer les trois plages de la localité. La praia das conchas (la plage des coquillages), la praia do meio (la plage du milieu) et la praia do cachadaço (la plage de...on ne sait pas). A peine quelques minutes après être descendus du bus...le paradis.


On passe de la première à celle do meio, avant de s'installer à celle du cachadaço. La beauté de cet endroit est outrageuse. Sauvages et belles. Ces plages sont tantôt charmeuses, tantôt mystérieuses. La mata atlântica qui se déploie tout autour leur donne un coup de main.

Nos yeux sont également attirés par un vieille embarcation au large. Avec des...pirates à bord. Euh... 'Y a un souci, non? Parce que les trésors, les jambes de bois et les pistolets et autres moursquets... C'est dangereux, non? Viiite...barrons-nous..
Quoi? C'est de la fiction. Ouf, sauvés. Nels s’apprêtait à s'enfuir en laissant Angie sur place sortir son costume de Barbe Bleue. Mais ce n'est "que" le tournage d'une série française, intitulée "Brasil Vermelho".


Dans ce lieu idyllique, on peut également aller se baigner dans une sorte de piscine naturelle. Entourée d'énormes cailloux, lisses comme la peau d'un bébé. La piscine du cachadaço est surprenante. Pour l'atteindre, une belle marche de 20 minutes à travers la forêt subtropicale. Contrairement à ce qu'on a pu lire sur certains sites internet, ce loin d'être un parcours du combattant. C'est très facilement accessible. Une simple traversée de la jungle, comme on les aime. Et la baignade y est vraiment agréable.


De retour à Parati, on s'essaye à la moqueca dans le centre historique. Fallait s'y attendre. Plus cher et moins bon. On sent bien que la moqueca bahiana de la plage sera très difficile à égaler.

Consternés de devoir quitter si bel endroit, nous décidons de prolonger d'une nuit dans la région. Petit détail logistique, le Ché Lagarto est plein de d'jeuns le lendemain. Oups... Mais, au Brésil, tout semble simple et tranquille. Un peu comme en Asie. Et ce n'est pas pour nous déplaire.
On trouve très vite une autre auberge dans nos critères. Qui, soit dit en passant, ne ressemble pas à grand chose. Mais, pour 50 reais la nuit, c'est un palace. Bingo. Du coup, le lendemain, on peut se lancer à l'assaut de la praia do sono (la plage du sommeil).


Aussitôt dit, aussitôt dans le bus pour Laranjeiras. Direction cette baie isolée. Uniquement accessible à pied ou par petit bateau de pêche. Ce sera à pied. 1h30 de marche à travers la jungle et la montagne. Seuls. Entourés par une nature luxuriante. Reine de l'endroit. Magnifique. Lorsqu'on entame la légère descente, on sait qu'on va être bluffés. Mais, malgré la préparation psychologique à affronter la beauté, on tombe à la renverse. Du haut de la falaise, encore bordés par la forêt, on distingue lentement la praia do sono.


Quelques arbres. Quelques paillotes, faites de bois et de paille. Quelques hamacs. Quelques bateaux. Et quasiment personne. Une carte postale royale. La présence du soleil contribue à cette plénitude. On entame, donc, une longue et difficile journée. Bronzage, plongeon, séchage, bouquin, bronzage, plongeon, séchage, musique... Qu'est-ce que c'est monotone, non?

Pour finir en beauté, on s'offre un poisson grillé. Préparé par un jeune pêcheur. Comme à la maison. Pour patienter, on a la visite de sa petite fille. Une petite sauvageonne, d'une beauté extraordinaire. Un petit ange...au paradis.
Comme d'habitude, le poisson est bien accompagné: farofa, salade, riz... Juste ce qu'il nous faut pour rebrousser chemin. A pied, faute de s'être mis d'accord sur un prix pour un retour en bateau.


On a vraiment la sensation d'avoir profité de la région de Parati. Sans se presser. Sans faire trop d'activités. Sans tout faire. Mais en le faisant bien. A notre rythme. Celui de nos envies et de nos jambes. On clôture ce chapitre par une inlassable promenade dans le centre de la ville coloniale. Quelques salgados. Kibe, coxinha, pasteis... Avant de passer une agréable nuit dans notre, moins d'jeuns, auberge (Pousada do sono), on se connecte au monde en squattant le wifi du Ché Lagarto...

Cette (si on occulte Foz do Iguaçu) première véritable étape brésilienne nous a bien plongés dans le bain. Conforme à nos attentes. On est juste charmés. Déjà. Le Brésil n'a rien de comparable aux autres pays d'Amérique du Sud que nous avons traversés. La folie, la vie dans la rue, la joie de vivre, la relative pagaille ou encore la simplicité du mode de vie nous rappellent bien plus l'Asie, que...l'Argentine ou le Chili.

Vivement la suite...

Parati sous toutes les coutures, c'est ICI.

Nels