Entrando no Brasil...
Les chutes. Les
imposantes chutes sont derrière nous. Nous pénétrons lentement au
Brésil. Doucement, car Foz do Iguaçu n'est certainement pas la ville la
plus représentative du géant sud-américain. Son terminal de
bus l'est encore moins.
Nels
On s'arrache. De
nuit. Un bus pour São Paulo. La géante.
Un trajet peu
reposant. Les passagers sont tous des hommes. Au faciès peu
rassurant. A l'air patibulaire. Notre méfiance est d'autant plus éveillée que le bus ne cesse de s'arrêter. A de nombreuses reprises. Sans raison apparente. Les allées et venues des voyageurs dans le couloir du bus ne font qu'accentuer notre appréhension.
On est en sueurs lorsque la police nous stoppe net et investit le bus. Après une longue négociation, ils finissent par laisser tomber. Pourtant, la police brésilienne, c'est du lourd. C'est pas André, l'agent de quartier qui veille à la sécurité du chat de la voisine.
On est en sueurs lorsque la police nous stoppe net et investit le bus. Après une longue négociation, ils finissent par laisser tomber. Pourtant, la police brésilienne, c'est du lourd. C'est pas André, l'agent de quartier qui veille à la sécurité du chat de la voisine.
Nos soupçons, concernant les activités douteuses de ce bus, sont définitivement confirmées lorsque l'un des passagers aborde Nels. C'est le plus excité
d'entre eux. Dans ce type de
situation, on apprécie vraiment le fait de parler la langue locale.
Le but de l'intervention du margoulin est la suivante: nous rassurer.
Le but de l'intervention du margoulin est la suivante: nous rassurer.
- "Comment?
On ne doit pas participer à la collecte d'argent qui s'est organisée
dans le bus? Aaah...pourtant l'argent est là, hein. Prenez tout, hein!"
- "Quoi
Angie? Ce qu'il dit? Oooh...rien de spécial, hein...ils font une petite cagnotte pour l'anniversaire
de sa maman. Nous? Oooh...il dit que...comme on ne la connait pas...
C'est gentil, hein?".
- "Oui oui
Monsieur. Continuer seulement. Faites comme si on n'était pas là.
Oui, merci. Merci. Vous êtes génial. Merci. Oui, encore merci. Supeeer! Comment? C'est pour financer la police et le "délégué du bus"? Pour que la contrebande de matos puisse se faire tranquillement. Aaah mais
je ne savais pas. Faites. Faites seulement. C'est super.
- Quoi encore Angie ? Tu peux pas te tai**? Quoi? Tu veux souhaiter un joyeux
anniversaire à sa maman en portugais???! Euh...oui...vas-y! Mais fais vite!"
Circulez! 'Y a
rien à voir...
L'arrêt petit
dej' est déjà plus "normal". L'ambiance dans le bus est retombée. On découvre nos premiers
en-cas salés typiques. Des croissants au poulet et
au fromage, des kibe (croquettes de viande), des coxinhas de frango (croquettes
de poulet), des pão de queijo (croquettes au fromage)... Pas de sucré
au menu! On sent bien que ça va y aller niveau
alimentation! Ça tombe bien, Nels rêve de porter des chemises à fleurs à la Carlos. Taille: cachalot.
Quelques heures et
1.000km plus tard, on arrive dans l'une des villes les plus
dangereuses du monde. São Paulo. On est légèrement tendus. Le
terminal est pourtant très safe. On arrive juste à temps
pour rater notre bus suivant, en partance pour la petite ville de Parati, dans l'état de Rio de Janeiro. Tant pis,
4 heures de répit. Internet for free, subway et micro-sieste. Dans
un terminal...des plus sécurisés.
On s'installe dans
le bus pour Parati. Le fait d'avoir acheté nos places très tôt,
nous offre la possibilité de profiter des deux places à l'avant. Un peu plus
de place pour nos longues jambes! Sur le trajet, on passe au sucré
avec un délicieux gâteau manioc/coco. Oh oui!
22h. "Légèrement" fatigués,
on pose le pied à Parati. C'est certain, ici nous sommes bien au
Brésil. Chaleur. Humidité. Une vie trépidante dans les
rues. Un métissage impressionnant. Plein de petits buscapé (voir
le film Cidade de Deus) entrain de courir dans la rue, derrière un ballon de foot ou
derrière les filles.
On presse le pas
pour, enfin, déposer nos sacs! Notre pied-à-terre se nomme Ché
Lagarto. Une chaine de guesthouse pour d'jeuns.
Piscine, ambiance festive et chambres sommaires. Mais cela reste le
plus intéressant dans cette petite ville très prisée.
Parati.
Au milieu du 17°, la ville est devenue l'un des plus importants ports de l'empire portugais. En cause. La découverte d'or, en abondance, dans l'état de Minas Gerais, dans l'intérieur du pays, permit à la bourgade de prendre son envol. Devenant le point de départ des galions portugais, chargés d'or, en direction de la cour du Portugal. Parati était l'étape finale de la route de l'or, qui sillonnait les collines pendant 25 jours de marche, jusqu'à relier Vale do Paraíba.
Au milieu du 17°, la ville est devenue l'un des plus importants ports de l'empire portugais. En cause. La découverte d'or, en abondance, dans l'état de Minas Gerais, dans l'intérieur du pays, permit à la bourgade de prendre son envol. Devenant le point de départ des galions portugais, chargés d'or, en direction de la cour du Portugal. Parati était l'étape finale de la route de l'or, qui sillonnait les collines pendant 25 jours de marche, jusqu'à relier Vale do Paraíba.
Route de l'or pour
les portugais, route de l'horreur pour les esclaves et les
indiens sacrifiés sur ces pavés, et dont le sang et la sueur
hantent encore chaque tronçon du sentier.
Toutes ces
richesses ont permis à la bourgade de croître dans le luxe et
l'oppulence. Colons, nobles, flibustiers et esclaves se cotoyaient
dans ce qui était, avant l'arrivée des portugais, un
havre de paix. Un paradis pour les indiens Guaianás-Guaranis. S'ils avaient su. Si seulement, ils avaient écouter la légende, pardi ! Celle qui raconte que le nom Parati, du portugais "para ti" et qui signifie "ceci est pour
toi", sont les mots que Dieu lança au diable lorsque celui-ci lui réclama un bout de terre.
Heureusement,
aujourd'hui, ce n'est plus un enfer. C'est même, plutôt, un paradis. Pour les touristes.
Le centre de la
vieille ville a conservé son charme colonial.
Architecturalement parlant. C'est une véritable ode à l'architecture coloniale.
Superbes maisons restaurées. Blanches, aux volets et portes colorées.
Des rues aux pavés énormes, d'époque, balayées par la
mer lors des marées. Balcons ouvragés, canons et églises baroques.
L'ensemble, coincé entre la mer et la montagne, est dévoré par la mata atlântica (la forêt atlantique, humide et tropicale, qui s'étend sur tout le littoral du pays). Un contexte naturel
splendide.
Au-delà des rues pavées, on trouve la vrai ville. Tout aussi
attrayante. Moins de petits magasins, de marchands ambulants et de
restos à touristes. Mais une vie plus intense. Plus
chaotique. Tout aussi séduisante.
Ajoutons à ce
contexte merveilleux, des plages plus que correctes, des
montagnes envoûtantes. Un patrimoine historique préservé.
Puis, le rêve ne se circonscrit pas qu'à Parati. Toute la région
regorge de lieux paradisiaques. Cascades plus célèbres les unes que
les autres. Plages somptueuses à gogo. Promenades. A pied, à velo
ou en bateau.
Bref, notre
planning est difficile à réaliser. On a envie de tout faire. Mais,
principalement, de le faire à la brésilienne. Tranquilooouuu.
Après un peu de
repos parmi les d'jeuns de l’hôtel,
nous partons à la découverte de la ville. Une petite promenade.
Celle qui sert à trouver ses marques. Prendre la mesure d'un lieu.
Cette marche qui se pratique nonchalamment. Sans but. Sans autre
intention que d'être surpris. De se laisser séduire.
Nos premiers pas
sur ces pavés propices aux entorses de la cheville. Ils sont
tellement d'époque, que résonnent encore les sabots des
chevaux des colons portugais. On ne nous a pas menti, les maisons
sont belles. Entretenues avec amour. En conservant l'esprit.
L'ensemble est harmonieux et invite vraiment à la flanerie. De nombreux magasins et restos ont pris possession des lieux.
On arrive au port.
On passe par l'église. On traverse le pont. On atteint la plage. Et
cette étrange sensation de se trouver au cœur d'une des télénovelas qui ont bercé l'enfance de Nels. Ces feuilletons historico-romatiques, où
riches colons, se déchirant pour plus de pouvoir et
d'argent, côtoyaient de gentilles familles d'esclaves.
Pas si mal lotis dans leurs senzalas, d'après les scénaristes. Au centre de l'intrigue, entre complots et autres quiproquos, une histoire d'amour.
Souvent la très jolie fille du riche propriétaire terrien tombait amoureuse
du charmant et courageux fils d'esclave.
Une telle journée
ne peut se poursuivre qu'à table. On rate la feijoada de quelques
minutes, mais nous n'y perdons pas au change. Foie de veau pour Nels,
steak de boeuf pour Angie. Jusque là, rien d'intéressant. Ce
qui est marquant. Fou. Incroyable. Unique. Ce sont les
accompagnements. Ce n'est pas un mythe. De la salade. Ok, c'est
normal. Riz? On prend. Haricots rouges. Ah bon? Farofa (de la semoule de
manioc). En plus? Vous l'aurez compris, au Brésil, un plat ne vient
jamais seul. Et ça...c'est pas pour nous déplaire. On bliiinde...
Entre deux
passages par l'auberge (où l'ambiance est toujours so funny), on fait
quelques courses. Au menu du diner, du yaourt à boire, une mangue et
du cake! Pas riches nous, hein!
Notre seconde
journée se calque sur le même scénario. Promenade en ville.
Photos. Une rapide visite du fort (dont l'intérêt est limité). On
bascule de l'autre côté de la colline pour atteindre la plage de
Jabaquara. Déserte. Une vue splendide. Malheureusement, le temps se couvre. On retourne en ville, en faisant un crochet chez le coiffeur.
Même si on est depuis peu de temps au Brésil, on a déjà pu constater
combien les gens sont ouverts, souriants et bavards. C'est pas un
mythe, non plus. Cette coiffeuse n'échappe pas à la règle. S'extasiant sur la couleur naturelle des cheveux d'Angie, son grain de peau. Nous expliquant toute son histoire, celle de son salon, de la voisine... Bref, un vrai personnage. Evidemment, le
fait de parler la langue facilite grandement la communication.
Mais le grand
évènement de la journée, c'est...le repas. Oui, encore. Un rêve. Un délice.
Une folie. Un chef d'œuvre. Une moqueca baiana. Sur la plage. Les
pieds dans l'eau. Comment exprimer l'exaltation des papilles que fut
ce festin? Impossible.
La moqueca est un plat de poisson et fruits de mer, à base d'oignons, tomates, ail, coriandre. Cuit lentement dans un grand récipient. Une sorte de caldeirada portugaise. La version de Bahia (du nom de la ville de...Bahia) possède en plus une influence africaine. On retrouve de l'huile de palme, du lait de coco et beaucoup plus de fruits de mer. Deliciosooo.
La moqueca est un plat de poisson et fruits de mer, à base d'oignons, tomates, ail, coriandre. Cuit lentement dans un grand récipient. Une sorte de caldeirada portugaise. La version de Bahia (du nom de la ville de...Bahia) possède en plus une influence africaine. On retrouve de l'huile de palme, du lait de coco et beaucoup plus de fruits de mer. Deliciosooo.
Au troisième
jour, on se bouge les fesses. Un petit dej' au soleil, et hop, on
saute dans un bus en direction de la petite bourgade de Trindade. Un
peu plus au sud. Notre objectif est assez basique: explorer les trois
plages de la localité. La praia das conchas (la plage des
coquillages), la praia do meio (la plage du milieu) et la praia do
cachadaço (la plage de...on ne sait pas). A peine quelques minutes après être
descendus du bus...le paradis.
On passe de la
première à celle do meio, avant de s'installer à celle du
cachadaço. La beauté de cet endroit est outrageuse. Sauvages et
belles. Ces plages sont tantôt charmeuses, tantôt mystérieuses. La mata atlântica qui se déploie tout autour leur donne un coup de main.
Nos yeux sont
également attirés par un vieille embarcation au large. Avec des...pirates à
bord. Euh... 'Y a un souci, non? Parce que les trésors, les jambes de bois et les pistolets et autres moursquets...
C'est dangereux, non? Viiite...barrons-nous..
Quoi? C'est de la fiction. Ouf, sauvés. Nels s’apprêtait às'enfuir en laissant Angie sur place sortir son costume de Barbe Bleue. Mais ce n'est "que" le tournage d'une série
française, intitulée "Brasil Vermelho".
Quoi? C'est de la fiction. Ouf, sauvés. Nels s’apprêtait à
Dans ce lieu
idyllique, on peut également aller se baigner dans une sorte de
piscine naturelle. Entourée d'énormes cailloux, lisses comme la
peau d'un bébé. La piscine du cachadaço
est surprenante. Pour l'atteindre, une belle marche de 20 minutes à
travers la forêt subtropicale. Contrairement à ce qu'on a pu lire
sur certains sites internet, ce loin d'être un parcours du combattant.
C'est très facilement accessible. Une simple traversée de la
jungle, comme on les aime. Et la baignade y est vraiment agréable.
De retour à
Parati, on s'essaye à la moqueca dans le centre historique. Fallait
s'y attendre. Plus cher et moins bon. On sent bien que la moqueca
bahiana de la plage sera
très difficile à égaler.
Consternés de
devoir quitter si bel endroit, nous décidons de prolonger d'une nuit
dans la région. Petit détail logistique, le Ché Lagarto est
plein de d'jeuns le
lendemain. Oups... Mais, au Brésil, tout semble simple et
tranquille. Un peu comme en Asie. Et ce n'est pas pour nous déplaire.
On trouve très vite une autre auberge dans nos critères. Qui, soit dit en passant, ne ressemble pas à grand chose. Mais, pour 50 reais la nuit, c'est un palace. Bingo. Du coup, le lendemain, on peut se lancer à l'assaut de la praia do sono (la plage du sommeil).
On trouve très vite une autre auberge dans nos critères. Qui, soit dit en passant, ne ressemble pas à grand chose. Mais, pour 50 reais la nuit, c'est un palace. Bingo. Du coup, le lendemain, on peut se lancer à l'assaut de la praia do sono (la plage du sommeil).
Aussitôt dit,
aussitôt dans le bus pour Laranjeiras. Direction cette baie isolée.
Uniquement accessible à pied ou par petit bateau de pêche. Ce sera
à pied. 1h30 de marche à travers la jungle et la montagne. Seuls.
Entourés par une nature luxuriante. Reine de l'endroit. Magnifique.
Lorsqu'on entame la légère descente, on sait qu'on va être
bluffés. Mais, malgré la préparation psychologique à affronter la
beauté, on tombe à la renverse. Du haut de la falaise, encore
bordés par la forêt, on distingue lentement la praia do sono.
Quelques arbres.
Quelques paillotes, faites de bois et de paille. Quelques hamacs.
Quelques bateaux. Et quasiment personne. Une carte postale royale. La
présence du soleil contribue à cette plénitude. On entame, donc,
une longue et difficile journée. Bronzage, plongeon, séchage,
bouquin, bronzage, plongeon, séchage, musique... Qu'est-ce que c'est
monotone, non?
Pour finir en
beauté, on s'offre un poisson grillé. Préparé par un jeune
pêcheur. Comme à la maison. Pour patienter, on a la
visite de sa petite fille. Une petite sauvageonne, d'une
beauté extraordinaire. Un petit ange...au paradis.
Comme d'habitude,
le poisson est bien accompagné: farofa, salade, riz... Juste ce
qu'il nous faut pour rebrousser chemin. A pied, faute de s'être mis d'accord
sur un prix pour un retour en bateau.
On a vraiment la
sensation d'avoir profité de la région de Parati. Sans se presser.
Sans faire trop d'activités. Sans tout faire.
Mais en le faisant bien. A notre rythme. Celui de nos envies et de nos jambes. On clôture ce
chapitre par une inlassable promenade dans le centre de la ville
coloniale. Quelques salgados.
Kibe, coxinha, pasteis... Avant de passer une agréable nuit dans
notre, moins d'jeuns, auberge (Pousada do sono), on se connecte au
monde en squattant le wifi du Ché Lagarto...
Cette (si on
occulte Foz do Iguaçu) première véritable étape brésilienne nous a
bien plongés dans le bain. Conforme à nos attentes. On est juste charmés. Déjà. Le Brésil
n'a rien de comparable aux autres pays d'Amérique du Sud que
nous avons traversés. La folie, la vie dans la rue, la joie de
vivre, la relative pagaille ou encore la simplicité du
mode de vie nous rappellent bien plus l'Asie, que...l'Argentine ou le
Chili.
Vivement la
suite...
Parati sous toutes
les coutures, c'est ICI.
tivieux
Textes inégalables dans leur style et leur descritif...bravo, les d'jeûn's ! Excellente idée de terminer par le Brésil : quelles couleurs ! Même le crabe local est extraordinaire... Les couleurs de la vie, du plaisir, de la différence comme de l'unique..
"praia do cachadaço"...la plage cachée des sots ! L'en existe une à Portimao, non ?
15 mai 2012 à 13:19